Les pralines Godiva produites aux États-Unis sont-elles belges?

Des consommateurs américains accusent Godiva de les induire en erreur en laissant penser que ses pralines seraient importées de Belgique. Leur action reçoit un bon accueil auprès d’un juge fédéral.

Le caractère belge des pralines Godiva est remis en question par des consommateurs attentifs aux États-Unis. Deux d’entre eux, Adam Buxbaum depuis la Californie et Steve Hesse depuis l’État de New York, ont initié une action collective contre Godiva Chocolatier Inc. Motif: en utilisant l’étiquette « Belgium 1926 » sur ses emballages, le pralinier trompe les consommateurs américains puisque les chocolats en question sont fabriqués dans l’usine qu’il possède à Reading, en Pennsylvanie, et pas en Belgique. Le groupe Godiva, qui fait partie du conglomérat turc Yildiz Holding, exploite trois usines, pour rappel: à Bruxelles en Belgique, à Reading aux États-Unis et à Istanbul en Turquie. Son usine belge a été revendue il y a un an au fonds de private equity coréen MBK Partners, mais continue de produire pour lui.

Un juge fédéral de New York a décidé, vendredi, le 20 mai 2020, que Godiva doit faire face à ces réclamations dans le cadre d’une action collective potentielle concernant son utilisation des mots « Belgium 1926 » sur ses emballages américains. Cela crée une « inférence plausible » selon laquelle les chocolats seraient d’origine européenne, a dit le juge. Autrement dit, celui-ci donne le droit aux plaignants de poursuivre leur recours.

L’argumentaire de ces consommateurs est basé sur la notion de haute qualité associée, dans le domaine du chocolat, à la Belgique. Ils ont cru qu’il s’agissait de confiserie de luxe importée de Belgique, ce pour quoi ils étaient disposés à payer un prix plus élevé. Ils estiment dès lors avoir payé trop cher et réclament l’indemnisation de leurs dommages.

Ils expliquent notamment que les beurres, crèmes et alcools utilisés comme matières premières à l’usine de Reading diffèrent de ceux utilisés dans l’usine belge. Et ils ont trouvé en Melanie Draps, la petite-fille du fondateur de Godiva, une alliée de poids: celle-ci a déclaré au Washington Post qu’elle avait « essayé les Godiva américaines et [qu’]elles ont un goût différent ».

De son côté, depuis le début de cette affaire en 2019, Godiva Chocolatier Inc soutient que les mots « Belgium 1926″ font référence au pays et à l’année de la fondation de la compagnie. Cela n’implique pas pour autant que chaque produit acheté sous cette étiquette soit produit en Belgique un siècle plus tard. L’ »héritage belge » qu’elle revendique lui permet de faire savoir qu’elle applique toujours les recettes et les standards de qualité définis en 1926 alors qu’elle produit et commercialise aujourd’hui ses chocolats au niveau mondial.

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